par TITJO » mar. juil. 02, 2013 9:28 am
ON EN A !
Angèle se pointe tous les lundis après-midi à la maison de retraite. Bénévole dévouée, c’est elle qui anime courageusement la chorale des résidents. Je dis courageusement, car l’alignement de coiffures chenues assoupies dans des fauteuils roulants ne se convertit pas aisément en chœur assourdissant.
Quelques semaines avant mon arrêt d’activité, je cherchais une patiente qui n’était pas dans sa chambre et passai ma tête dans la salle d’animation pour voir si elle s’y trouvait. Et là, Angèle m’a interpelé :
- Tiens, le kiné qui passe par-là ! Il parait qu’il a une belle voix et qu’il chante souvent dans son cabinet ! Allez, venez nous chanter quelque chose…
Comment me défiler ? Les résidents ont trouvé ça rigolo et ont insisté. Coincé, j’étais coincé. C’est vrai qu’une autre fois que j’avais un peu de temps, j’avais attrapé la guitare de l’animateur pour brailler le vieux rock d’Eddie Mitchell « Pas de chance**». Alors il m’est venu cette idée un peu saugrenue que je vous rapporte ici :
- C’est d’accord ! Ecoutez-moi bien car après, ce sera à vous de répéter. Prêts ? Et c’est parti pour le … « Rapp du marcheur » !
En fait, il s’agit de formules apprises quand, en colo, nous marchions en rang le long des sentiers vosgiens ; on doit réciter le plus vite possible ce petit texte :
« on en a, on en a, on en a plein l’sac, plein l’dos, plein l’fond des godillots, plein l’fond des cars , des gamelles et des bidons, des pelles, des pioches, des rivets et des boulons, des carottes dans l’ventre, des navets dans les mollets ».
Bien sûr j’ai chanté ça sur un air de Rapp en gesticulant un peu. Et je fus très applaudi. Il fallu faire Bis, ce qui ne prenait pas beaucoup de temps. Angèle, empêtrée dans les sempiternelles ritournelles de « l’amant de Saint Jean » et autre « eau vive » m’a demandé de lui fournir le texte qui avait l’air de manquer à son répertoire.
Le lundi suivant, la chorale attendait mon passage. Les vieux tenaient tous une copie du texte entre leurs doigts vibrants. Dés qu’Angèle m’a aperçu, elle a donné le signal et de concert, sans se soucier des canards ou de l’harmonie, la petite troupe s’est mise à claironner le « Rapp des marcheurs ». Je les ai rejoint, on a repris ensemble, on s’est applaudis. Un petit souffle de bonheur a, pendant quelques instants, remplacé la morosité du quotidien.
Merci Angèle*.
*j’ignore son âge, mais elle est toujours a son poste – hier lundi j’émondais la haie de façade et je l’ai vue passer en voiture – elle m’a fait un petit signe complice.
**
http://www.musicme.com/#/Eddy-Mitchell/ ... 19242.html
bisouilles à tous les Vég'amis
ON EN A !
Angèle se pointe tous les lundis après-midi à la maison de retraite. Bénévole dévouée, c’est elle qui anime courageusement la chorale des résidents. Je dis courageusement, car l’alignement de coiffures chenues assoupies dans des fauteuils roulants ne se convertit pas aisément en chœur assourdissant.
Quelques semaines avant mon arrêt d’activité, je cherchais une patiente qui n’était pas dans sa chambre et passai ma tête dans la salle d’animation pour voir si elle s’y trouvait. Et là, Angèle m’a interpelé :
- Tiens, le kiné qui passe par-là ! Il parait qu’il a une belle voix et qu’il chante souvent dans son cabinet ! Allez, venez nous chanter quelque chose…
Comment me défiler ? Les résidents ont trouvé ça rigolo et ont insisté. Coincé, j’étais coincé. C’est vrai qu’une autre fois que j’avais un peu de temps, j’avais attrapé la guitare de l’animateur pour brailler le vieux rock d’Eddie Mitchell « Pas de chance**». Alors il m’est venu cette idée un peu saugrenue que je vous rapporte ici :
- C’est d’accord ! Ecoutez-moi bien car après, ce sera à vous de répéter. Prêts ? Et c’est parti pour le … « Rapp du marcheur » !
En fait, il s’agit de formules apprises quand, en colo, nous marchions en rang le long des sentiers vosgiens ; on doit réciter le plus vite possible ce petit texte :
« on en a, on en a, on en a plein l’sac, plein l’dos, plein l’fond des godillots, plein l’fond des cars , des gamelles et des bidons, des pelles, des pioches, des rivets et des boulons, des carottes dans l’ventre, des navets dans les mollets ».
Bien sûr j’ai chanté ça sur un air de Rapp en gesticulant un peu. Et je fus très applaudi. Il fallu faire Bis, ce qui ne prenait pas beaucoup de temps. Angèle, empêtrée dans les sempiternelles ritournelles de « l’amant de Saint Jean » et autre « eau vive » m’a demandé de lui fournir le texte qui avait l’air de manquer à son répertoire.
Le lundi suivant, la chorale attendait mon passage. Les vieux tenaient tous une copie du texte entre leurs doigts vibrants. Dés qu’Angèle m’a aperçu, elle a donné le signal et de concert, sans se soucier des canards ou de l’harmonie, la petite troupe s’est mise à claironner le « Rapp des marcheurs ». Je les ai rejoint, on a repris ensemble, on s’est applaudis. Un petit souffle de bonheur a, pendant quelques instants, remplacé la morosité du quotidien.
Merci Angèle*. :wink:
*j’ignore son âge, mais elle est toujours a son poste – hier lundi j’émondais la haie de façade et je l’ai vue passer en voiture – elle m’a fait un petit signe complice.
**http://www.musicme.com/#/Eddy-Mitchell/titres/Pas-De-Chance-t119242.html
bisouilles à tous les Vég'amis