Chacun sa Chimère
Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.
Chacun d'eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu'un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d'un fantassin romain.
Mais la monstrueuse bête n'était pas un poids inerte; au contraire, elle enveloppait et opprimait l'homme de ses muscles élastiques et puissants; elle s'agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l'homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l'ennemi. Je questionnai l'un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu'il n'en savait rien, ni lui, ni les autres; mais qu'évidemment ils allaient quelque part, puisqu'ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse à noter: aucun de ces voyageurs n'avait l'air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos; on eût dit qu'il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d'aucun désespoir; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d'un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.
Et le cortège passa à côté de moi et s'enfonça dans l'atmosphère de l'horizon, à l'endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.
Et pendant quelques instants je m'obstinai à vouloir comprendre ce mystère; mais bientôt l'irrésistible Indifférence s'abattit sur moi, et j'en fus plus lourdement accablé qu'ils ne l'étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.
Charles Beaudelaire
Le Spleen de Paris
Repris en 1864 sous le titre Petits poèmes en prose
Espace culturel: partagez vos textes.
-
Invité
Je n'écris pas aussi bien que Titjo et MR84 alors je me contente d'alimenter cette rubrique innovente par un poème d'auteur connu. Bonne plume à vous deux et autres. Longue vie à cette rubrique comme à l'espace photos.
“Annie” / G.Apollinaire
Sur la côte du Texas
Entre Mobile et Galveston il y a
Un grand jardin tout plein de roses
Il contient aussi une villa
Qui est une grande rose
Une femme se promène souvent
Dans le jardin toute seule
Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls
Nous nous regardons
Comme cette femme est mennonite
Ses rosiers et ses vêtements n'ont pas de boutons
Il en manque deux à mon veston
La dame et moi suivons presque le même rite
“Annie” / G.Apollinaire
Sur la côte du Texas
Entre Mobile et Galveston il y a
Un grand jardin tout plein de roses
Il contient aussi une villa
Qui est une grande rose
Une femme se promène souvent
Dans le jardin toute seule
Et quand je passe sur la route bordée de tilleuls
Nous nous regardons
Comme cette femme est mennonite
Ses rosiers et ses vêtements n'ont pas de boutons
Il en manque deux à mon veston
La dame et moi suivons presque le même rite
-
MR84
-
Alain Alvo
-
- Messages : 3068
- Enregistré le : mer. sept. 18, 2002 8:03 am
- Profimage : O
Regard(s) en arrière et regard(s ) en avant ...
Edit grenouille : Post replacé :
Bonjour, je n'ai pas préparé ce post, je ne sais pas si je vais penser à tout, mais je crois que chacun(e) se reconnaîtra quelque part dans ceci :
Ce n'est pas la première fois que je me dis que le temps passe et surtout qu'il est passé, et souvent bien trop vite. Je me suis marié, j'ai eu des enfants (quatre) comme beaucoup, notre famille a connu des périodes difficiles (questions de santé, ennuis d'argent, disputes voire brouille, avec certains membres de la famille, etc.) Nous avons eu également d'immenses joies, telles la naissance de nos enfants, leurs réussites scolaires et professionnelles, l'achat de notre maison, dans laquelle nous avons connu des moments remplis de joie de vivre, d'éclats de rires ... En revoyant les photos, les diapos et les vidéos, on se rend compte du chemin parcouru.
Seulement, pendant ce parcours, nous ne regardions pas la route, nous la suivions sans savoir où elle menait ; nous prenions les virages et les changements de cap, en regardant devant nous, sans savoir ce qui nous attendait. Est-ce qu'on se posait vraiment des questions sur le temps qui passe ou sur ce qui nous attendait au tournant ? Je ne crois pas. Nos enfants grandissaient et chaque jour, ou presque, nous avions une petite ride supplémentaire, mais nous n'y faisions pas attention. Et puis un jour, l'une de nos filles est partie vivre avec un garçon, ce fut la première claque, le premier signal important (bien plus marquant que tous les examens passés, sur le plan scolaire) qu'une alarme sonnait sur l'horloge du temps, cette horloge que rien ne peut arrêter, celle qui ne retarde jamais ; puis c'est mon copain, mon complice de beau-père, celui qui m'avait surnommé "Alinos" celui qui m'adorait et que j'adorais aussi, c'est lui qui a déclenché pour moi et mon épouse, le deuxième signal sur l'horloge du temps ... et du cœur ... Ma belle-mère l'a rejoint cette année ; elle n'attendait que cela ...
Entre temps, c'est notre fils aîné, celui qui est passionné de serpents ! (voir anciens posts) qui est parti vivre avec sa future femme (ils vont se marier en septembre prochain) puis ma deuxième fille est partie vivre avec celui qu'elle épousera dans un peu moins d'un an. Entre temps, la maison étant devenue trop grande, nous l'avons vendue, pour habiter un appartement ; nous ne sommes donc plus que trois, avec notre "petit dernier", qui va redoubler sa première année de médecine (il veut être orthodontiste, mais la première année est commune) Il a travaillé comme un fou, mais était derrière le peloton des élus (à moins d'une centaine de places derrière)
Heureusement, notre famille se réunit pratiquement chaque semaine, enfants et fiancé(e)s, tout le monde est présent et nous partageons des moments forts. Souvent, j'observe mes enfants quand ils parlent, je n'écoute plus vraiment, je les revois dans leur petite enfance, je les imagine chez eux, dans leur activité professionnelle ou ailleurs. Parfois, nous échangeons simplement des regards, et aucun mot n'est nécessaire ...
Et alors, je remercie la Vie pour ce qu'elle m'a donné, pour ce qu'elle me donne encore et, j'espère, pour ce qu'elle me donnera encore longtemps, à travers les futurs mariages, les futures naissances et toutes les futures joies ... Mais je pense aussi à mes parents, que j'ai la chance d'avoir encore, mais qui vont de plus en plus mal ; ils s'éteignent, tout doucement ... Et la roue continue de tourner, inlassablement.
La vie serait donc ce mélange aigre-doux, rempli de joies et de peines dans lequel nous essayons de nous frayer un chemin ? Et lorsqu'on arrive, à peu près, à surnager et à sortir la tête de l'eau, lorsqu'on peut regarder en arrière mais aussi en avant, on a cette impression bizarre de netteté pour tout ce qui apparait derrière et de flou artistique pour ce qui reste devant. Le principal, c'est de pouvoir continuer à avancer, à vivre des moments forts et à apprécier chaque seconde qui passe, en oubliant nos "petits bobos" (de tous ordres) ...
Voilà, je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ce message, j'ai l'impression de n'avoir dit que des banalités, ou même d'avoir écrit un post sans intérêt et ennuyeux, mais je l'ai fait comme ça, sur une impulsion, sans coup de blues particulier. Je ne sais pas si je vais appuyer sur le bouton envoyer ou si je vais tout refermer et éteindre mon ordinateur. En tout cas, si vous pouvez lire ce message, vous connaissez la réponse.
Moralité : Quand tu regardes en arrière, tu sais d'où tu viens. Mais si tu cherches ton chemin pour avancer, aucun plan n'est encore édité.
Bonjour, je n'ai pas préparé ce post, je ne sais pas si je vais penser à tout, mais je crois que chacun(e) se reconnaîtra quelque part dans ceci :
Ce n'est pas la première fois que je me dis que le temps passe et surtout qu'il est passé, et souvent bien trop vite. Je me suis marié, j'ai eu des enfants (quatre) comme beaucoup, notre famille a connu des périodes difficiles (questions de santé, ennuis d'argent, disputes voire brouille, avec certains membres de la famille, etc.) Nous avons eu également d'immenses joies, telles la naissance de nos enfants, leurs réussites scolaires et professionnelles, l'achat de notre maison, dans laquelle nous avons connu des moments remplis de joie de vivre, d'éclats de rires ... En revoyant les photos, les diapos et les vidéos, on se rend compte du chemin parcouru.
Seulement, pendant ce parcours, nous ne regardions pas la route, nous la suivions sans savoir où elle menait ; nous prenions les virages et les changements de cap, en regardant devant nous, sans savoir ce qui nous attendait. Est-ce qu'on se posait vraiment des questions sur le temps qui passe ou sur ce qui nous attendait au tournant ? Je ne crois pas. Nos enfants grandissaient et chaque jour, ou presque, nous avions une petite ride supplémentaire, mais nous n'y faisions pas attention. Et puis un jour, l'une de nos filles est partie vivre avec un garçon, ce fut la première claque, le premier signal important (bien plus marquant que tous les examens passés, sur le plan scolaire) qu'une alarme sonnait sur l'horloge du temps, cette horloge que rien ne peut arrêter, celle qui ne retarde jamais ; puis c'est mon copain, mon complice de beau-père, celui qui m'avait surnommé "Alinos" celui qui m'adorait et que j'adorais aussi, c'est lui qui a déclenché pour moi et mon épouse, le deuxième signal sur l'horloge du temps ... et du cœur ... Ma belle-mère l'a rejoint cette année ; elle n'attendait que cela ...
Entre temps, c'est notre fils aîné, celui qui est passionné de serpents ! (voir anciens posts) qui est parti vivre avec sa future femme (ils vont se marier en septembre prochain) puis ma deuxième fille est partie vivre avec celui qu'elle épousera dans un peu moins d'un an. Entre temps, la maison étant devenue trop grande, nous l'avons vendue, pour habiter un appartement ; nous ne sommes donc plus que trois, avec notre "petit dernier", qui va redoubler sa première année de médecine (il veut être orthodontiste, mais la première année est commune) Il a travaillé comme un fou, mais était derrière le peloton des élus (à moins d'une centaine de places derrière)
Heureusement, notre famille se réunit pratiquement chaque semaine, enfants et fiancé(e)s, tout le monde est présent et nous partageons des moments forts. Souvent, j'observe mes enfants quand ils parlent, je n'écoute plus vraiment, je les revois dans leur petite enfance, je les imagine chez eux, dans leur activité professionnelle ou ailleurs. Parfois, nous échangeons simplement des regards, et aucun mot n'est nécessaire ...
Et alors, je remercie la Vie pour ce qu'elle m'a donné, pour ce qu'elle me donne encore et, j'espère, pour ce qu'elle me donnera encore longtemps, à travers les futurs mariages, les futures naissances et toutes les futures joies ... Mais je pense aussi à mes parents, que j'ai la chance d'avoir encore, mais qui vont de plus en plus mal ; ils s'éteignent, tout doucement ... Et la roue continue de tourner, inlassablement.
La vie serait donc ce mélange aigre-doux, rempli de joies et de peines dans lequel nous essayons de nous frayer un chemin ? Et lorsqu'on arrive, à peu près, à surnager et à sortir la tête de l'eau, lorsqu'on peut regarder en arrière mais aussi en avant, on a cette impression bizarre de netteté pour tout ce qui apparait derrière et de flou artistique pour ce qui reste devant. Le principal, c'est de pouvoir continuer à avancer, à vivre des moments forts et à apprécier chaque seconde qui passe, en oubliant nos "petits bobos" (de tous ordres) ...
Voilà, je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ce message, j'ai l'impression de n'avoir dit que des banalités, ou même d'avoir écrit un post sans intérêt et ennuyeux, mais je l'ai fait comme ça, sur une impulsion, sans coup de blues particulier. Je ne sais pas si je vais appuyer sur le bouton envoyer ou si je vais tout refermer et éteindre mon ordinateur. En tout cas, si vous pouvez lire ce message, vous connaissez la réponse.
Moralité : Quand tu regardes en arrière, tu sais d'où tu viens. Mais si tu cherches ton chemin pour avancer, aucun plan n'est encore édité.
Amicalement, Alain.
Carpe Diem.
Merci Alain pour cette tranche de vie.
Vega ce n'est pas qu'un logiciel, c'est aussi une communauté, et je profite de ce fil pour te remercier Alain pour tout ce que tu y apportes, et remercier également tout les autres utilisateurs.
Car si cette communauté, qui connait des hauts et bas, est si intéressante c'est grâce à vous. Et c'est aussi vous qui nous donnez la force de vous offrir le meilleur de nous-même jour après jour car au fond Vega c'est une grande famille.
Merci Alain pour cette tranche de vie.
Vega ce n'est pas qu'un logiciel, c'est aussi une communauté, et je profite de ce fil pour te remercier Alain pour tout ce que tu y apportes, et remercier également tout les autres utilisateurs.
Car si cette communauté, qui connait des hauts et bas, est si intéressante c'est grâce à vous. Et c'est aussi vous qui nous donnez la force de vous offrir le meilleur de nous-même jour après jour car au fond Vega c'est une grande famille.
()/)
(°.°)
o(")(")
(°.°)
o(")(")
-
marco
-
- Messages : 1252
- Enregistré le : sam. mai 09, 2009 2:59 pm
- Profimage : K
- Localisation : Picardie
superbe ,Alain et tellement profondément vrai
c'est pourquoi nous avons décidé avec ma tendre épouse maintenant que les enfants sont en route (un ingénieur,un médecin) de lever le pied complètement a la fin de l'année et de vivre avec ce que nous aurons ,mais de le vivre ensemble 24H/24 a la retraite.
38 ans a 12H/J + le salariat avant ,je pense avoir fait mon temps et pour ce que l'on nous donne pas besoin de continuer pour des chimères.
autant en profiter un max avant ...avant.
c'est pourquoi nous avons décidé avec ma tendre épouse maintenant que les enfants sont en route (un ingénieur,un médecin) de lever le pied complètement a la fin de l'année et de vivre avec ce que nous aurons ,mais de le vivre ensemble 24H/24 a la retraite.
38 ans a 12H/J + le salariat avant ,je pense avoir fait mon temps et pour ce que l'on nous donne pas besoin de continuer pour des chimères.
autant en profiter un max avant ...avant.
-
MR84
Petit texte de remerciement.
Petit texte de remerciement.
Pour faire une belle exposition il n’est pas forcément nécessaire de chercher à tout prix à exposer.
Certaines fois l’occasion se présente et on la saisie.
C’est un bon départ. Nous avons été invités, ce qui nous a ravis.
Puis il faut réunir certains ingrédients : un lieu agréable, une journée clémente si l’on expose en extérieur, des œuvres qui vous tiennent à cœur, d’autres exposants sympathiques avec lesquels vous prenez plaisir à partager.
Exposer dans autour d’un lavoir, avec mon Epouse, unir nos œuvres et en créer spécialement pour l’occasion, partager ce week-end avec d’autres artistes et bénéficier de Rayon de Soleil (merci pour tes encouragements) ne pouvaient qu’être de bons présages.
Mais il faut, et cela est essentiel, un public.
Cher Daniel, tu as fait parti de ce public de qualité sans lequel cette exposition n’aurait pu être parfaite.
Elle le fut, en parti grâce à toi.
Avec eVe nous te remercions très sincèrement et très amicalement en espérant vivement que tu laisses, une fois encore, ta M….aux portes de nos prochaines expositions.
eVe et Michel
Pour faire une belle exposition il n’est pas forcément nécessaire de chercher à tout prix à exposer.
Certaines fois l’occasion se présente et on la saisie.
C’est un bon départ. Nous avons été invités, ce qui nous a ravis.
Puis il faut réunir certains ingrédients : un lieu agréable, une journée clémente si l’on expose en extérieur, des œuvres qui vous tiennent à cœur, d’autres exposants sympathiques avec lesquels vous prenez plaisir à partager.
Exposer dans autour d’un lavoir, avec mon Epouse, unir nos œuvres et en créer spécialement pour l’occasion, partager ce week-end avec d’autres artistes et bénéficier de Rayon de Soleil (merci pour tes encouragements) ne pouvaient qu’être de bons présages.
Mais il faut, et cela est essentiel, un public.
Cher Daniel, tu as fait parti de ce public de qualité sans lequel cette exposition n’aurait pu être parfaite.
Elle le fut, en parti grâce à toi.
Avec eVe nous te remercions très sincèrement et très amicalement en espérant vivement que tu laisses, une fois encore, ta M….aux portes de nos prochaines expositions.
eVe et Michel
-
MR84
http://www.montbrunlesbainsofficedutour ... ntree=1375STOMP.
J'avais déjà vu ce spectacle à Londres, il y a 5 ans, mais dans le théatre antique de Vaison la Romaine cela était fabuleux.
Si ce spectacle passe prêt de chez vous n'hésitez pas.
Michel
LE MESSAGER DU CYGNE ---> chapître 2 
Willy-trompe-la-mort, c’est ainsi que ses camarades le surnomment, est arrivé au village il y a quelques années seulement. Ses parents sont venus habiter là, à la faveur d’une succession qui leur attribuait une vaste maison campagnarde tout-à-fait habitable après quelques travaux de rafraîchissement.
Le voilà justement désœuvré, revenu prématurément de la ville en autostop. Car les « Rapides de Lorraine » n’assurent plus les tournées dans la campagne par manque de carburant. Lui n’a jamais cru aux balivernes radotées par les anciens. Au contraire, cette idée de défier l’interdit, l’inconnu, le risqué, ça le tente. A quelques garnements revenus aussi à la maison, il propose d’aller explorer les fondrières mythiques.
- Mais c’est défendu … On n’a pas le droit … il parait que c’est hanté … tu n’a qu’à y aller tout seul … tu trouves la vie trop longue ou quoi? …
- C’est bon, les lopettes, je vous demande simplement de m’accompagner jusqu’au ruisseau, avec une corde à laquelle je serai attaché. Je pénétrerai seul dans les terres vaseuses. Et si ça tourne mal, vous m’aiderez à revenir en tirant vers vous. Alors pour ceux qui veulent me suivre, rendez-vous ce soir près de la source.
Au crépuscule, Willy flanqué de trois compères s’affaire au bord du ruisseau. Il enfile les cuissardes de pêche subtilisées à son père, noue une extrémité de la corde à son ceinturon, pendant que les autres la rangent en boucle à même le sol. Puis l’aventurier donne ses consignes :
- Personne ne cause pendant ma sortie. Si ma lampe de poche clignote dans votre direction, c’est pour un retour d’urgence. Pour cette première fois, on dit que je ne resterai pas plus d’une heure. Bon, j’y vais.
Il fait déjà presque nuit quand Willy s’aventure parmi les roseaux qui bruissent à son passage. Très vite le sol fangeux s’enfonce sous ses pas et ventouse ses bottes. La lueur blafarde émise par la lune suffit juste à le guider parmi les touffes de joncs et d’iris. Mais il ne parvient pas à distinguer ce qui furtivement fuit à son approche. Que cela s’envole ou finisse par un plongeon dans une flaque, cette vie grouillante ne souhaite pas se faire connaitre. Faune habituelle des marais ou créatures magiques, mystère …
à suivre
Willy-trompe-la-mort, c’est ainsi que ses camarades le surnomment, est arrivé au village il y a quelques années seulement. Ses parents sont venus habiter là, à la faveur d’une succession qui leur attribuait une vaste maison campagnarde tout-à-fait habitable après quelques travaux de rafraîchissement.
Le voilà justement désœuvré, revenu prématurément de la ville en autostop. Car les « Rapides de Lorraine » n’assurent plus les tournées dans la campagne par manque de carburant. Lui n’a jamais cru aux balivernes radotées par les anciens. Au contraire, cette idée de défier l’interdit, l’inconnu, le risqué, ça le tente. A quelques garnements revenus aussi à la maison, il propose d’aller explorer les fondrières mythiques.
- Mais c’est défendu … On n’a pas le droit … il parait que c’est hanté … tu n’a qu’à y aller tout seul … tu trouves la vie trop longue ou quoi? …
- C’est bon, les lopettes, je vous demande simplement de m’accompagner jusqu’au ruisseau, avec une corde à laquelle je serai attaché. Je pénétrerai seul dans les terres vaseuses. Et si ça tourne mal, vous m’aiderez à revenir en tirant vers vous. Alors pour ceux qui veulent me suivre, rendez-vous ce soir près de la source.
Au crépuscule, Willy flanqué de trois compères s’affaire au bord du ruisseau. Il enfile les cuissardes de pêche subtilisées à son père, noue une extrémité de la corde à son ceinturon, pendant que les autres la rangent en boucle à même le sol. Puis l’aventurier donne ses consignes :
- Personne ne cause pendant ma sortie. Si ma lampe de poche clignote dans votre direction, c’est pour un retour d’urgence. Pour cette première fois, on dit que je ne resterai pas plus d’une heure. Bon, j’y vais.
Il fait déjà presque nuit quand Willy s’aventure parmi les roseaux qui bruissent à son passage. Très vite le sol fangeux s’enfonce sous ses pas et ventouse ses bottes. La lueur blafarde émise par la lune suffit juste à le guider parmi les touffes de joncs et d’iris. Mais il ne parvient pas à distinguer ce qui furtivement fuit à son approche. Que cela s’envole ou finisse par un plongeon dans une flaque, cette vie grouillante ne souhaite pas se faire connaitre. Faune habituelle des marais ou créatures magiques, mystère …
à suivreBIZETTES LORRAINES DE LORD TITJO
-
MR84
Merci TITJO.
Merci parce que tu participes à cette rubrique et merci pour la qualité de tes textes ou inversement, ce qui serait plus juste.
Chacun son style, chacun ses inspirations, certains aiment d'autres non.
Le principal, me semble-t-il, est de s'exprimer.
L'expression est toujours plus constructive que le silence, même si elle n'entraîne aucun commentaire.
L'expression est entendue ou lue, et c'est cela l'important.
Je continuerai donc, et j'espère que toi aussi, à faire vivre cette rubrique.
Un texte personnel de temps à autre, une citation, un lien pour un spectacle qui a plu, un livre, un film, une manifestaion culturelle.
J'ai suivi l'idée d'Alain et ai baptisé cette rubrique "espace littéraire" ,mais si epsimin me lit et peut agir je lui propose de la renomer "espace culturel" afin que tous nous puissions échanger nos écrits et nos coup de coeur.
Enfin, j'attends avec impatience la suite de ton histoire qui est, je le dis encore une fois, très bien écrite.
Michel
PS: il est un peu tard.....oui je suis sorti.
Film et débat sur l'art picturale des Zapatistes. Suoer!
Merci parce que tu participes à cette rubrique et merci pour la qualité de tes textes ou inversement, ce qui serait plus juste.
Chacun son style, chacun ses inspirations, certains aiment d'autres non.
Le principal, me semble-t-il, est de s'exprimer.
L'expression est toujours plus constructive que le silence, même si elle n'entraîne aucun commentaire.
L'expression est entendue ou lue, et c'est cela l'important.
Je continuerai donc, et j'espère que toi aussi, à faire vivre cette rubrique.
Un texte personnel de temps à autre, une citation, un lien pour un spectacle qui a plu, un livre, un film, une manifestaion culturelle.
J'ai suivi l'idée d'Alain et ai baptisé cette rubrique "espace littéraire" ,mais si epsimin me lit et peut agir je lui propose de la renomer "espace culturel" afin que tous nous puissions échanger nos écrits et nos coup de coeur.
Enfin, j'attends avec impatience la suite de ton histoire qui est, je le dis encore une fois, très bien écrite.
Michel
PS: il est un peu tard.....oui je suis sorti.
Film et débat sur l'art picturale des Zapatistes. Suoer!
-
MR84
A MiMiss
Je te regarde ma belle, ma douce.
Lorsque que je t’ai recueillie, il y a 17 ans, tu étais dénutrie, tu empestais l’essence.
Isabelle caractérielle, comme toutes tes sœurs, mais tendre et affective nous nous a conquis.
Nous sommes devenus amis, nous avons vécus ensembles, pour le meilleur et pour le pire.
Le pire arrive.
Tu vis tes derniers jours sous perfusions, tu te traînes, ne manges plus , mais possède encore la force de ronronner lorsque que tendrement nous te caressons.
Tu vas partir ma belle, ma tendre, ma belle, et tu nous avons de la peine.
Nous t’accompagnerons le mieux possible.
Tu ne souffre pas, cela est l’essentiel.
Non, nous ne t’euthanasierons pas.
Nous t’accompagnerons le mieux possible.
Tu auras nos caresses, nos câlins jusqu’au bout car nous t’aimons et pensons que tu le ressens, que cela est nécessaire pour que cette transition se déroule le mieux possible.
Nous pleurerons losque cette histoire d'amour sera fine.
Nous pleurerons.
Tu nous regardes et sembles nous dire : « laissez-moi partir », mais nous ne pouvons nous y résigner.
A l’heure où j’écris cela tu dors en rond dans ton panier, paisible.
Que sera demain ?
Michel
Je te regarde ma belle, ma douce.
Lorsque que je t’ai recueillie, il y a 17 ans, tu étais dénutrie, tu empestais l’essence.
Isabelle caractérielle, comme toutes tes sœurs, mais tendre et affective nous nous a conquis.
Nous sommes devenus amis, nous avons vécus ensembles, pour le meilleur et pour le pire.
Le pire arrive.
Tu vis tes derniers jours sous perfusions, tu te traînes, ne manges plus , mais possède encore la force de ronronner lorsque que tendrement nous te caressons.
Tu vas partir ma belle, ma tendre, ma belle, et tu nous avons de la peine.
Nous t’accompagnerons le mieux possible.
Tu ne souffre pas, cela est l’essentiel.
Non, nous ne t’euthanasierons pas.
Nous t’accompagnerons le mieux possible.
Tu auras nos caresses, nos câlins jusqu’au bout car nous t’aimons et pensons que tu le ressens, que cela est nécessaire pour que cette transition se déroule le mieux possible.
Nous pleurerons losque cette histoire d'amour sera fine.
Nous pleurerons.
Tu nous regardes et sembles nous dire : « laissez-moi partir », mais nous ne pouvons nous y résigner.
A l’heure où j’écris cela tu dors en rond dans ton panier, paisible.
Que sera demain ?
Michel
bonjour Michel et merci pour tes encouragements,
selon Lobsang Rampâ, à part les humains, le seul être accueilli au paradis après sa mort serait le chat - donc quand le moment viendra, n'oublie pas de lui lire le Bardo Tödol, page par page, pour l'aider à trouver la bonne voie...
selon Lobsang Rampâ, à part les humains, le seul être accueilli au paradis après sa mort serait le chat - donc quand le moment viendra, n'oublie pas de lui lire le Bardo Tödol, page par page, pour l'aider à trouver la bonne voie...
BIZETTES LORRAINES DE LORD TITJO
-
Daniel MOINE
-
- Messages : 3931
- Enregistré le : mer. oct. 03, 2001 10:05 am
- Profimage : K
-
MR84
Je n'ai rien dit...
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester...
Pasteur Martin Niemoller (1892-1984), Dachau 1942
Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester...
Pasteur Martin Niemoller (1892-1984), Dachau 1942
