Le poids des mots
nous entendons les formules « on a gagné » et « ils ont perdus » et ça nous fait sourire.
En effet en communication, une chose peut être énoncée de différentes façons, nous le constatons
aisément.
Ne distinguons-nous pas :
« je fais de l'allergie » de « je suis allergique » ?
ou :
« vous avez commis un crime » de « vous êtes un criminel » ?
ou encore :
« vous êtes un mec bien » de « ce que vous faites est bien » ?
ou même : « il y a beaucoup de fautes dans ta dictée » de « tu es vraiment nul » ?
Vous l'avez compris, dans ces expressions, le niveau de langage est perçu différemment par l'interlocuteur – dans un cas celui-ci est ciblé frontalement, identifié à ses actes, captif d'une redéfinition de ce qu'il est – dans l'autre il est dissocié de ses actes et en cela il perçoit par exemple moins d'agression - et surtout la possibilité d'agir autrement, de se corriger, lui est préservée.
Ces détails de langage sont souvent négligés chez les enseignants et inconnus des tribunaux.
Quand je réponds à une personne sur le forum, que je l'invective, que je redéfinis son image au point de déformer son nom ou son pseudo, je l'agresse. Je ne reviens pas sur ce qu'il a fait ou dit, mais sur ce qu'il est (à mes yeux). Je me fourvoie dans la violence verbale (qu'on appelle harcèlement au travail ou à l'école).
Si on me dit « tu écris des idioties », c'est accepter que je suis un gars normal capable d'émettre ou pas, uniquement par choix, des propos idiots.
Si on me dit « en te lisant, on voit que tu es un idiot », je me sens jugé, dévalorisé et peut-être blessé dans mon être.
Alors, peut-être il y a-t-il effectivement en moi une dose de fatuité perçue dans mes lignes - mais déclarer que je suis un fat, là, j'ai le droit de le percevoir comme une offense.
j'étais très attentif à cette façon de communiquer pendant ma phase active - et à présent, accompagnant bénévole dans une association de lutte contre l'illettrisme, je sens souvent qu'une de mes tâches essentielles est d'aider patiemment des personnes à reconstruire l'estime de soi laminée par les parents, les enseignants, ,les relations en quête de domination.
Sans un peu d'empathie, comment aider l'autre? et même comment concevoir notre société?