par Stéphane Bernabé » ven. avr. 20, 2007 11:05 am
Pour rajouter un commentaire "à la Stéphane", voici ma vision déformée des choses (c'est un circuit en boucle, suivez bien) :
- - les professionnels de santé libéraux sont pour beaucoup mal rémunérés, au regard de leurs compétences et du caractère essentiel de leur métier (service rendu à la population, qualité des soins, astreintes ou gardes, etc. Mais pas au regard de leur temps d'études, qui est un choix personnel). Aujourd'hui, mieux vaut être artisan plombier ou "tous-travaux" que kiné ou orthophoniste. Je ne parle même pas du statut de fonctionnaire
- les professionnels de santé libéraux de tous bords sont en négociations conflictuelles
avec la CNAM concernant leurs honoraires et autres indemnités, puisqu'ils réclament (à juste titre et avec le soutien de leurs patients) une nette revalorisation, et que la CNAM dit (à juste titre aussi) "y'a pas d'sous".
- la CNAM dispose grosso-modo d'une enveloppe trop petite pour assurer l'ensemble des dépenses de santé nécessaires ou réclamées par la population. Elle s'engage donc depuis longtemps sur des pistes de maitrise financière et comptable (puisqu'elle n'a pas l'initiative du niveau d'entrée du pognon, autant fermer les robinets au maximum...)
- les professionnels critiquent cette approche "économique" qu'ils jugent absurde, et proposent des approches "métier" intéressantes. Mais qui globalement ne changent pas ou peu le lourd déficit des Caisses...
On est dans une situation structurellement bloquée.
- - par ailleurs, la population vieillit, on traite de mieux en mieux les maladies "longues et coûteuses", mais qui sont au passage de + en + coûteuses. Un rapport officiel déjà ancien exposait que 50% des dépenses de santé sont engagées dans les 6 derniers mois de la vie, quel que soit l'age ! Moralité, et c'est pas sorcier, le niveau global des dépenses de santé ne peut qu'exploser avec les années. Pas besoin d'avoir fait l'ENA pour le comprendre. Mais l'ENA sert à comprendre qu'il est impossible d'expliquer et de faire accepter ça à la population !
- Face à cette situation de fond, les Caisses ont pendant un temps limité le nombre de professionnels dans certaines catégories (moins il y en a, moins on dépense). On sait maintenant que c'était une vision à court terme, qu'elle est catastrophique en termes de santé publique, et qu'il faudra un temps ou pour rétablir la situation. C'est sans parler des investissements d'infrastructure (il manque 200.000 lits d'hôpitaux à horizon 2020, c'est à dire qu'il est déjà trop tard pour construire et former le personnel !)
- Alors, dirait un candidat à la présidentielle responsable
, il n'y a en fait qu'une seule solution : si le niveau de dépense ne peut que croitre, que le niveau de rémunération des professionnels doit s'améliorer, et qu'on n'a pas les moyens, il faut augmenter, et massivement, les moyens de financement.
Vous me suivez toujours, c'est presque fini...
Les moyens de financement, c'est simple : c'est une augmentation des prélèvements obligatoires (
charges sociales, TVA, impôt, ce que vous voulez). Mais les électeurs sont contre, donc les candidats (
à tous les échelons d'élection aussi).
Bien entendu les syndicats sont contres, les entrepreneurs aussi.
Mais le plus savoureux c'est que ces mêmes syndicats sont ceux qui ont en charge la gestion de la CNAM (
les entrepreneurs ont quitté la table depuis longtemps...). Et ces mêmes candidats à toutes sortes d'élection sont tous à promettre des augmentations de prestations et des baisses de prélèvements. Dire que nous autres, bons français, on les croit depuis si longtemps
D'un côté donc, ces syndicats clament "
on veut des sous", et de l'autre ils disent "
pas question de nous en prendre plus". D'un côté le citoyen dit "
j'en veux plus", de l'autre il dit "
... mais pas question de payer".

Bref, je sais, mon exposé est caricatural, incomplet et parfois incorrect. Mais il cherche juste à illustrer que dans un circuit fermé, hormis la création de richesse produite par les entreprise, l'argent tourne en rond.
Quand il n'y en a pas assez, toute initiative ou promesse d'augmenter les prestations (
santé, écoles, recherche, aide sociale, etc.) est vouée à l'échec.
D'ailleurs, tous nos présidentiables ont fait de telles promesse, mais pas un n'a clairement exposé le coût de ces promesse, ni leur financement.
Les grandes centrales syndicales ont bien compris le fond du problème, et c'est pour ça qu'il n'y a que les actions "nuisibles" à la société qui permettent à cette petite frange de tirer un pan de la couverture. C'est une sorte de guerre civile larvée...

Les politiques des grands partis l'ont bien compris aussi, mais pour être élu il faut promettre des choses en contradiction avec les évidences. Et tant que les électeurs croient ce qu'on leur raconte...
Au final, AMHA, la notion de "service public" de santé va perdurer (car elle est essentielle), mais elle va peu à peu être prise en charge par les compagnies privées en lieu et place d'une organisation quasi-étatique et ingouvernable comme la CNAM. Et à ce jour, à conditions d'exercice identique (
mêmes contraintes législatives, même prestations convertes, niveau de cotisation comparable), toutes les assurances privées qui exercent ce rôle dans d'autres Etats membres de l'Union sont bénéficiaires sur leur branche "santé" ! Les professionnels de santé peuvent au passage y gagner une certaine libéralisation de leurs tarifs...
Un petit exposé sur les retraites maintenant ? Non, je rigole, ça suffit comme ça, vous pouvez fermer vos cahiers et sortir de classe.

Pour rajouter un commentaire "à la Stéphane", voici ma vision déformée des choses (c'est un circuit en boucle, suivez bien) :
[list]- les professionnels de santé libéraux sont pour beaucoup mal rémunérés, au regard de leurs compétences et du caractère essentiel de leur métier ([i]service rendu à la population, qualité des soins, astreintes ou gardes, etc. Mais pas au regard de leur temps d'études, qui est un choix personnel[/i]). Aujourd'hui, mieux vaut être artisan plombier ou "tous-travaux" que kiné ou orthophoniste. Je ne parle même pas du statut de fonctionnaire :wink:
- les professionnels de santé libéraux de tous bords sont en négociations conflictuelles :x avec la CNAM concernant leurs honoraires et autres indemnités, puisqu'ils réclament ([i]à juste titre et avec le soutien de leurs patients[/i]) une nette revalorisation, et que la CNAM dit ([i]à juste titre aussi[/i]) "y'a pas d'sous". 8)
- la CNAM dispose grosso-modo d'une enveloppe trop petite pour assurer l'ensemble des dépenses de santé nécessaires ou réclamées par la population. Elle s'engage donc depuis longtemps sur des pistes de maitrise financière et comptable ([i]puisqu'elle n'a pas l'initiative du niveau d'entrée du pognon, autant fermer les robinets au maximum...[/i])
- les professionnels critiquent cette approche "[i]économique[/i]" qu'ils jugent absurde, et proposent des approches "[i]métier[/i]" intéressantes. Mais qui globalement ne changent pas ou peu le lourd déficit des Caisses... [/list]
On est dans une situation structurellement bloquée. :shock:
[list]- par ailleurs, la population vieillit, on traite de mieux en mieux les maladies "longues et coûteuses", mais qui sont au passage de + en + coûteuses. Un rapport officiel déjà ancien exposait que [u]50% des dépenses de santé sont engagées dans les 6 derniers mois de la vie, quel que soit l'age[/u] ! Moralité, et c'est pas sorcier, le niveau global des dépenses de santé ne peut qu'exploser avec les années. Pas besoin d'avoir fait l'ENA pour le comprendre. Mais l'ENA sert à comprendre qu'il est impossible d'expliquer et de faire accepter ça à la population !
- Face à cette situation de fond, les Caisses ont pendant un temps limité le nombre de professionnels dans certaines catégories ([i]moins il y en a, moins on dépense[/i]). On sait maintenant que c'était une vision à court terme, qu'elle est catastrophique en termes de santé publique, et qu'il faudra un temps ou pour rétablir la situation. C'est sans parler des investissements d'infrastructure ([i]il manque 200.000 lits d'hôpitaux à horizon 2020, c'est à dire qu'il est déjà trop tard pour construire et former le personnel ![/i])
- Alors, dirait un candidat à la présidentielle responsable :wink: , il n'y a en fait qu'une seule solution : si le niveau de dépense ne peut que croitre, que le niveau de rémunération des professionnels doit s'améliorer, et qu'on n'a pas les moyens, il faut augmenter, et massivement, les moyens de financement.
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Vous me suivez toujours, c'est presque fini...
Les moyens de financement, c'est simple : c'est une augmentation des prélèvements obligatoires ([i]charges sociales, TVA, impôt, ce que vous voulez[/i]). Mais les électeurs sont contre, donc les candidats ([i]à tous les échelons d'élection aussi[/i]).
Bien entendu les syndicats sont contres, les entrepreneurs aussi.
Mais le plus savoureux c'est que ces mêmes syndicats sont ceux qui ont en charge la gestion de la CNAM ([i]les entrepreneurs ont quitté la table depuis longtemps...[/i]). Et ces mêmes candidats à toutes sortes d'élection sont tous à promettre des augmentations de prestations et des baisses de prélèvements. Dire que nous autres, bons français, on les croit depuis si longtemps :oops:
D'un côté donc, ces syndicats clament "[i]on veut des sous[/i]", et de l'autre ils disent "[i]pas question de nous en prendre plus[/i]". D'un côté le citoyen dit "[i]j'en veux plus[/i]", de l'autre il dit "[i]... mais pas question de payer[/i]".
:roll: Bref, je sais, mon exposé est caricatural, incomplet et parfois incorrect. Mais il cherche juste à illustrer que dans un circuit fermé, hormis la création de richesse produite par les entreprise, l'argent tourne en rond.
Quand il n'y en a pas assez, toute initiative ou promesse d'augmenter les prestations ([i]santé, écoles, recherche, aide sociale, etc.[/i]) est vouée à l'échec.
[u]D'ailleurs, tous nos présidentiables ont fait de telles promesse, mais pas un n'a clairement exposé le coût de ces promesse, ni leur financement.
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Les grandes centrales syndicales ont bien compris le fond du problème, et c'est pour ça qu'il n'y a que les actions "nuisibles" à la société qui permettent à cette petite frange de tirer un pan de la couverture. C'est une sorte de guerre civile larvée... :cry:
Les politiques des grands partis l'ont bien compris aussi, mais pour être élu il faut promettre des choses en contradiction avec les évidences. Et tant que les électeurs croient ce qu'on leur raconte... :roll:
Au final, AMHA, la notion de "service public" de santé va perdurer (car elle est essentielle), mais elle va peu à peu être prise en charge par les compagnies privées en lieu et place d'une organisation quasi-étatique et ingouvernable comme la CNAM. Et à ce jour, à conditions d'exercice identique ([i]mêmes contraintes législatives, même prestations convertes, niveau de cotisation comparable[/i]), toutes les assurances privées qui exercent ce rôle dans d'autres Etats membres de l'Union sont bénéficiaires sur leur branche "santé" ! Les professionnels de santé peuvent au passage y gagner une certaine libéralisation de leurs tarifs...
Un petit exposé sur les retraites maintenant ? Non, je rigole, ça suffit comme ça, vous pouvez fermer vos cahiers et sortir de classe. :lol: