...
Lorsqu’il passa à nouveau devant chez Albert, celui-ci lui fit signe de s’arrêter. Il voulait le remercier car un volailler voulait lui acheter tous les lapins capturés sur le champ avec un bon prix à condition qu’ils soient livrés dépecés.
- J’ai déjà commencé à préparer la commande.
- Fort bien, et que faites-vous des fourrures ?
- Je ne sais pas. Je les entasse dans une remise pour probablement les brûler toutes en même temps.
- Je veux bien m’en charger bénévolement. Si vous êtes d’accord, je passerai périodiquement les récupérer pour vous soulager de cette corvée.
- Vous êtes sympa. Passez quand vous voulez.
Le mystérieux vagabond vint régulièrement récolter les peaux de lapin. Puis un jour il gara devant chez Albert une roulotte plus jolie et plus grande, avec quatre roues et tractée par un solide cheval.
- Il semble que vos affaires prospèrent, ami voyageur. Pourtant vous ne vendez plus de lapin, à présent !
- Des lapins, non ! Mais leurs peaux, oui ! Elles sont de bonne qualité et j’en fais commerce avec un fourreur qui les apprécie beaucoup. Mon seul travail est de les collecter chez vous pour lui livrer plutôt que de les brûler. Et ça paie bien.
- Pas possible ! Pourquoi n’ai-je pas pensé à tout ça avant ? Vous comprenez, ne m’en veuillez pas, mais désormais je vais négocier la viande et les peaux tout seul. Et je n’aurai alors plus rien à vous faire débarrasser.
- Je m’y attendais, brave homme, et je suis déjà heureux de vous avoir aidé à vous reconvertir. A propos, Je vois que sur l’usoire devant chez vous, un imposant monticule de fumier de lapin s’entasse contre la façade. ça n’est pas très décoratif, sans parler de l’odeur fétide. Il semble que vous ne savez pas quoi en faire…
- Ah non ! Cette fois j’ai compris ! Vous voudrez m’en débarrasser aussi bénévolement. Puis vous trouverez une combine pour le convertir en or, et peut-être racheter bientôt, qui sait, le château du village. Désolé, mais je garde ce fumier qui, si vous proposez de vous en « occuper », doit être encore plus précieux que les lapins eux-mêmes.
- Va savoir… tant pis pour moi. Et bonne chance à vous, brave homme !
- A propos, vous en auriez fait quoi, de mon fumier ?
- Qu’importe, puisqu’à vous écouter, vous devez déjà avoir des idées, non ?
Le vagabond reprit sa route errante et personne ne le vit plus jamais. Quant à Albert, il se mit à réfléchir, à spéculer, mesurer, soupeser, renifler sa pourrissoir. On pouvait le voir assis sur une souche à côté de « son trésor » pendant des heures, comme s’il le veillait, même la nuit, même sous la pluie. Il en négligea ses tâches habituelles au point de ne plus pouvoir en vivre. Puis un jour le maire lui rendit visite.
- Tu sais, Albert, même dans notre petite commune où tout le monde t’aime bien, il y a des limites à la stupidité. Ton champ que tu ne cultives même plus n’attire plus les lapins qui s’égaient sur les parcelles voisines où ils causent des dégâts. Et ton « tas d’or », comme tu dis, dépare la rue et sent mauvais. Si tu ne le retires pas, la commune devra s’en occuper, à tes frais, sans lui reconnaître la moindre valeur, ce qui serait vraiment un comble.
FIN - mais bientôt une autre

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Lorsqu’il passa à nouveau devant chez Albert, celui-ci lui fit signe de s’arrêter. Il voulait le remercier car un volailler voulait lui acheter tous les lapins capturés sur le champ avec un bon prix à condition qu’ils soient livrés dépecés.
- J’ai déjà commencé à préparer la commande.
- Fort bien, et que faites-vous des fourrures ?
- Je ne sais pas. Je les entasse dans une remise pour probablement les brûler toutes en même temps.
- Je veux bien m’en charger bénévolement. Si vous êtes d’accord, je passerai périodiquement les récupérer pour vous soulager de cette corvée.
- Vous êtes sympa. Passez quand vous voulez.
Le mystérieux vagabond vint régulièrement récolter les peaux de lapin. Puis un jour il gara devant chez Albert une roulotte plus jolie et plus grande, avec quatre roues et tractée par un solide cheval.
- Il semble que vos affaires prospèrent, ami voyageur. Pourtant vous ne vendez plus de lapin, à présent !
- Des lapins, non ! Mais leurs peaux, oui ! Elles sont de bonne qualité et j’en fais commerce avec un fourreur qui les apprécie beaucoup. Mon seul travail est de les collecter chez vous pour lui livrer plutôt que de les brûler. Et ça paie bien.
- Pas possible ! Pourquoi n’ai-je pas pensé à tout ça avant ? Vous comprenez, ne m’en veuillez pas, mais désormais je vais négocier la viande et les peaux tout seul. Et je n’aurai alors plus rien à vous faire débarrasser.
- Je m’y attendais, brave homme, et je suis déjà heureux de vous avoir aidé à vous reconvertir. A propos, Je vois que sur l’usoire devant chez vous, un imposant monticule de fumier de lapin s’entasse contre la façade. ça n’est pas très décoratif, sans parler de l’odeur fétide. Il semble que vous ne savez pas quoi en faire…
- Ah non ! Cette fois j’ai compris ! Vous voudrez m’en débarrasser aussi bénévolement. Puis vous trouverez une combine pour le convertir en or, et peut-être racheter bientôt, qui sait, le château du village. Désolé, mais je garde ce fumier qui, si vous proposez de vous en « occuper », doit être encore plus précieux que les lapins eux-mêmes.
- Va savoir… tant pis pour moi. Et bonne chance à vous, brave homme !
- A propos, vous en auriez fait quoi, de mon fumier ?
- Qu’importe, puisqu’à vous écouter, vous devez déjà avoir des idées, non ?
Le vagabond reprit sa route errante et personne ne le vit plus jamais. Quant à Albert, il se mit à réfléchir, à spéculer, mesurer, soupeser, renifler sa pourrissoir. On pouvait le voir assis sur une souche à côté de « son trésor » pendant des heures, comme s’il le veillait, même la nuit, même sous la pluie. Il en négligea ses tâches habituelles au point de ne plus pouvoir en vivre. Puis un jour le maire lui rendit visite.
- Tu sais, Albert, même dans notre petite commune où tout le monde t’aime bien, il y a des limites à la stupidité. Ton champ que tu ne cultives même plus n’attire plus les lapins qui s’égaient sur les parcelles voisines où ils causent des dégâts. Et ton « tas d’or », comme tu dis, dépare la rue et sent mauvais. Si tu ne le retires pas, la commune devra s’en occuper, à tes frais, sans lui reconnaître la moindre valeur, ce qui serait vraiment un comble.
FIN - mais bientôt une autre :wink: