par TITJO » lun. déc. 06, 2010 9:26 am
...
- Bien plus tard, nous dirons avant et pendant le moyen âge, l’ordre divin imprégna considérablement notre culture. On mêlait Dieu à toutes les circonstances de la vie, monarchie, guerres, fléaux, épidémies, naissances, trépas, bonheur, malheur, destinée et, et aussi, bien sûr, la justice. Quelle meilleure justice que celle du ciel ? La renommée funeste de l’antre fut donc récupérée par nos ancêtres pour éprouver l’innocence des justiciables d’une façon qui nous parait bien cruelle aujourd’hui. Car déjà en ces temps il n’était pas toujours facile d’établir une réelle culpabilité, et donc, on s’en remettait au fameux jugement divin, sacré et infaillible. Une sorte de puits avait été aménagé à cet endroit pour faciliter la manœuvre. Lorsqu’un suspect niait les faits qui lui étaient reprochés, il passait au test de la « narine du Malin ». Il était ligoté à une corde et assis sur un barre de bois transversale, comme les tire-fesses des stations de ski et on le faisait ainsi descendre profondément dans la cavité où il devait séjourner le temps d’une messe dite pour son salut. Puis il était remonté à la surface. S’il était mort, c’est que Satan l’avait reconnu coupable et avait reniflé son âme pour le punir, tu saisis donc le sens de la formule « narine du Malin ». Selon des rapports encore nichés dans les bibliothèques de vieux monastères sur ces époques naïves, la majorité des suspects auraient péri lors de cette épreuve. Nous comprenons aujourd’hui ce qui se passait en réalité. Et, entre nous, cela permet aussi de concevoir un Dieu un peu moins immanent dans les affaires de l’humanité. Les produits organiques amoncelés et croupissants dans le fond dégagent de fortes quantités de gaz comme le monoxyde de carbone ou encore le sulfure d’hydrogène, le fameux H2S, qui sent l’œuf pourri. Nous savons que ces émanations, plus lourdes que l’oxygène, envahissent certains endroits comme les caves, les égouts et bien entendu certaines grottes et exposent ceux qui les inhalent à une mort rapide par asphyxie. Le plus simple, quand on s’aventure dans certains endroits suspects, c’est de tenir une bougie allumée. Si elle s’éteint, c’est qu’il n’y a pas d’oxygène et il faut vite retourner à l’air libre.
- C’est amusant, vous concluez votre anecdote comme si vous vouliez personnellement m’adresser un avertissement. Croyez-vous que je vais bientôt tenter une visite dans cette « narine du Malin » ?
- Je préfère simplement te prévenir, fiston, j’ai vu Régis et sa complice rôder vers ce fourré et cela nous ramène à une époque plus proche de la nôtre. Bien sûr avec le temps les rituels de la justice céleste furent abandonnés, mais l’antre garda tout de même sa mauvaise réputation, et comme pour s’en protéger, peu après la Révolution, les villageois décidèrent d’obturer l’orifice et de planter des végétaux suffisamment dissuasifs pour que personne ne tente d’y retourner.
- Et depuis, rien ne s’est passé ?
...
- Bien plus tard, nous dirons avant et pendant le moyen âge, l’ordre divin imprégna considérablement notre culture. On mêlait Dieu à toutes les circonstances de la vie, monarchie, guerres, fléaux, épidémies, naissances, trépas, bonheur, malheur, destinée et, et aussi, bien sûr, la justice. Quelle meilleure justice que celle du ciel ? La renommée funeste de l’antre fut donc récupérée par nos ancêtres pour éprouver l’innocence des justiciables d’une façon qui nous parait bien cruelle aujourd’hui. Car déjà en ces temps il n’était pas toujours facile d’établir une réelle culpabilité, et donc, on s’en remettait au fameux jugement divin, sacré et infaillible. Une sorte de puits avait été aménagé à cet endroit pour faciliter la manœuvre. Lorsqu’un suspect niait les faits qui lui étaient reprochés, il passait au test de la « narine du Malin ». Il était ligoté à une corde et assis sur un barre de bois transversale, comme les tire-fesses des stations de ski et on le faisait ainsi descendre profondément dans la cavité où il devait séjourner le temps d’une messe dite pour son salut. Puis il était remonté à la surface. S’il était mort, c’est que Satan l’avait reconnu coupable et avait reniflé son âme pour le punir, tu saisis donc le sens de la formule « narine du Malin ». Selon des rapports encore nichés dans les bibliothèques de vieux monastères sur ces époques naïves, la majorité des suspects auraient péri lors de cette épreuve. Nous comprenons aujourd’hui ce qui se passait en réalité. Et, entre nous, cela permet aussi de concevoir un Dieu un peu moins immanent dans les affaires de l’humanité. Les produits organiques amoncelés et croupissants dans le fond dégagent de fortes quantités de gaz comme le monoxyde de carbone ou encore le sulfure d’hydrogène, le fameux H2S, qui sent l’œuf pourri. Nous savons que ces émanations, plus lourdes que l’oxygène, envahissent certains endroits comme les caves, les égouts et bien entendu certaines grottes et exposent ceux qui les inhalent à une mort rapide par asphyxie. Le plus simple, quand on s’aventure dans certains endroits suspects, c’est de tenir une bougie allumée. Si elle s’éteint, c’est qu’il n’y a pas d’oxygène et il faut vite retourner à l’air libre.
- C’est amusant, vous concluez votre anecdote comme si vous vouliez personnellement m’adresser un avertissement. Croyez-vous que je vais bientôt tenter une visite dans cette « narine du Malin » ?
- Je préfère simplement te prévenir, fiston, j’ai vu Régis et sa complice rôder vers ce fourré et cela nous ramène à une époque plus proche de la nôtre. Bien sûr avec le temps les rituels de la justice céleste furent abandonnés, mais l’antre garda tout de même sa mauvaise réputation, et comme pour s’en protéger, peu après la Révolution, les villageois décidèrent d’obturer l’orifice et de planter des végétaux suffisamment dissuasifs pour que personne ne tente d’y retourner.
- Et depuis, rien ne s’est passé ?