par TITJO » dim. mars 04, 2012 5:10 am
Pendant ma carrière en libéral, certaines situations m’ont surpris – et en voici une :
Les prescriptions pour désordres posturaux des enfants, autrement dit scolioses, cyphoses, lordoses ont eu tendance à devenir de plus en plus rares. Est-ce à dire que ces pathologies n’existaient plus ?
En réalité les cas qui déboulaient étaient presque toujours graves d’emblée, chez des jeunes, surtout des filles, ayant atteint l’adolescence – avec des déviations importantes et complexes – les parents affolés me mettaient en demeure : « s’il n’y a pas de progrès d’ici la prochaine consultation chez l’orthopédiste, c’est le corset ! »
Alors j’ai décidé de débuter les séries par de la pédagogie, dans mon bureau, avec les Rx et autres bilans, des dessins sur des feuilles blanches, puis des images affichées sur mon moniteur, sans déshabillage précipité sur un tapis, et avec les parents – tous avaient besoin de définitions, d’explications, de repères, d’engagements réciproques – ils devaient d’abord comprendre qui est un kiné : un praticien qui n’a rien à voir avec un carrossier.
J’impliquais le plus possible ces parents dans le programme, commenté à chaque étape, chaque exercice, chaque retour de consultation. J’insistais pour qu’ils viennent le plus souvent aux RV, surtout lorsqu’il s’agissait d’adolescentes, effarouchées à l’idée de se présenter quelque peu dévêtues et de livrer leur corporalité même pour des raisons médicales.
Ce qui m’agaçait, c’était cette précipitation à vouloir réparer un problème qui ne datait certainement pas de la veille. Ces parents connaissaient-ils si peu leurs enfants pour ne pas les voir se déformer ? Les généralistes étaient-ils si peu attentifs alors qu’ils étaient consultés pour, par exemple, signer des certificats d’autorisation à des pratiques sportives ?
Vous me direz, il y a aussi la fameuse visite médicale scolaire… qui semble n’être plus qu’une formalité symbolique. Et pour cause. Une de mes patientes, infirmière libérale, m’annonça un jour qu’elle avait obtenu un contrat pour être infirmière scolaire. Ayant déjà plusieurs enfants elle préférait continuer ainsi sa carrière. Alors je lui glissai, comme ça, que c’est bien de vérifier le système postural des potaches, pour repérer les désordres avant qu’ils ne deviennent critiques. Mais voilà, elle m’a rappelé qu’elle était infirmière, pas kiné. Elle n’y connaissait rien du tout en détection des déviations vertébrales. Elle se rappelait que le médecin scolaire glissait son index du haut en bas de la colonne vertébrale quand elle-même était élève…
Ce n’est pourtant pas grand-chose ! On nous rabat les oreilles d’école du dos, de prévention. Perso je croirai à tout ça quand j’apprendrai que des kiné sont introduits dans les écoles et les collèges pour surveiller le dos des enfants à grande échelle et adresseront des bilans aux généralistes prescripteurs pour les cas positifs; avant qu’on en arrive à la question de l’appareillage, qui retentit comme une sentence culpabilisante pour tous, enfants, parents, médecin de famille, kiné…
Bisouille.
Pendant ma carrière en libéral, certaines situations m’ont surpris – et en voici une :
Les prescriptions pour désordres posturaux des enfants, autrement dit scolioses, cyphoses, lordoses ont eu tendance à devenir de plus en plus rares. Est-ce à dire que ces pathologies n’existaient plus ?
En réalité les cas qui déboulaient étaient presque toujours graves d’emblée, chez des jeunes, surtout des filles, ayant atteint l’adolescence – avec des déviations importantes et complexes – les parents affolés me mettaient en demeure : « s’il n’y a pas de progrès d’ici la prochaine consultation chez l’orthopédiste, c’est le corset ! »
Alors j’ai décidé de débuter les séries par de la pédagogie, dans mon bureau, avec les Rx et autres bilans, des dessins sur des feuilles blanches, puis des images affichées sur mon moniteur, sans déshabillage précipité sur un tapis, et avec les parents – tous avaient besoin de définitions, d’explications, de repères, d’engagements réciproques – ils devaient d’abord comprendre qui est un kiné : un praticien qui n’a rien à voir avec un carrossier.
J’impliquais le plus possible ces parents dans le programme, commenté à chaque étape, chaque exercice, chaque retour de consultation. J’insistais pour qu’ils viennent le plus souvent aux RV, surtout lorsqu’il s’agissait d’adolescentes, effarouchées à l’idée de se présenter quelque peu dévêtues et de livrer leur corporalité même pour des raisons médicales.
Ce qui m’agaçait, c’était cette précipitation à vouloir réparer un problème qui ne datait certainement pas de la veille. Ces parents connaissaient-ils si peu leurs enfants pour ne pas les voir se déformer ? Les généralistes étaient-ils si peu attentifs alors qu’ils étaient consultés pour, par exemple, signer des certificats d’autorisation à des pratiques sportives ?
Vous me direz, il y a aussi la fameuse visite médicale scolaire… qui semble n’être plus qu’une formalité symbolique. Et pour cause. Une de mes patientes, infirmière libérale, m’annonça un jour qu’elle avait obtenu un contrat pour être infirmière scolaire. Ayant déjà plusieurs enfants elle préférait continuer ainsi sa carrière. Alors je lui glissai, comme ça, que c’est bien de vérifier le système postural des potaches, pour repérer les désordres avant qu’ils ne deviennent critiques. Mais voilà, elle m’a rappelé qu’elle était infirmière, pas kiné. Elle n’y connaissait rien du tout en détection des déviations vertébrales. Elle se rappelait que le médecin scolaire glissait son index du haut en bas de la colonne vertébrale quand elle-même était élève…
Ce n’est pourtant pas grand-chose ! On nous rabat les oreilles d’école du dos, de prévention. Perso je croirai à tout ça quand j’apprendrai que des kiné sont introduits dans les écoles et les collèges pour surveiller le dos des enfants à grande échelle et adresseront des bilans aux généralistes prescripteurs pour les cas positifs; avant qu’on en arrive à la question de l’appareillage, qui retentit comme une sentence culpabilisante pour tous, enfants, parents, médecin de famille, kiné…
Bisouille.