par G2 » jeu. févr. 03, 2011 9:26 am
16h00
Nous arrivons au ministère des affaires étrangères. Moral en berne mais nous espérons. Quoi ? Un miracle, peut-être.
Au moment de prendre l’ascenseur, une française déguisée en autochtone, monte avec nous.
« Vous allez voir Monsieur Mensah ? » nous demande-t-elle.
« Oui, comment le savez vous ? »
« Tous les français qui prennent cet ascenseur, font parti d’une ONG et vont voir Monsieur Mensah »
« Vous le connaissez bien ? »
« Très bien. Je faisais parti d’une antenne de pharmacie sans frontière à Avignon… »
« Monique ? » répond eVe
« Oui. On se connait ? »
« C’est moi qui collectais les médicaments et les apportais à Avignon. »
« Oui, ça y est, je te remets »
Discussion, explication.
Monique connait très bien Monsieur Mensah. Elle vient pour l’inviter à une réception. Elle n’a pas besoin de rendez vous pour le rencontrer.
Son association dispose d’un accord de siège au Bénin, ils se voient souvent.
« Bon, je viens avec vous et l’on va régler cela ! »
Le miracle attendu est là !
Nous sommes aussitôt reçus par le directeur de la coopération décentralisée.
« Ha !!! Mes amis. Vous connaissez Monique ? Vous êtes en excellente compagnie. Voyons votre dossier. »
Monique.
« J’ai réfléchie, est-ce que ‘on pourrait faire passer ce container par mon association qui a un accord de siège et est exonéré de frais de douanes. »
« Pas des frais fixes qui sont dans tous les cas inévitables et assez importants. »
MR Mensah consulte les papiers.
« Mais le connaissement est au nom de l’hôpital et la demande d’exonération signée par le Mairie. Il faut que les deux correspondent au même nom. On ne peut rien faire. »
« Changer le non ? »
« Cela serait trop cher et trop long. Il faut téléphoner immédiatement au directeur de l’hôpital afin qu’il refasse le courrier et me l’envoie par internet. »
Sitôt dit, sitôt fait.
Le directeur de l’hôpital note l’adresse de Monsieur Mensah, se met au travail et nous promet le courrier dans une heure au plus tard.
Monsieur Mensah :
« Je pourrai transmettre ce courrier lundi, car dans une heure les bureaux seront fermés et vous aurez une réponse dans une semaine environ. »
« Dans une semaine ? Mais le bateau arrive le 15 en rade et nos partenaires le 18. »
« Oui, une semaine grâce à mon intervention. Et si votre bateau arrive en rade le 15, il ne sera pas à quai avant le 25, si tout ce passe bien ce dont je doute fort. Il y a eu des grèves récemment et je suis d’avis que votre container ne sera pas à quai avant 1 semaine, avec de la chance, mais comptez plutôt 15 jours à trois semaines. »
Nous restons encore quelques instants à discuter à essayer de trouver une solution. En vain.
Monique nous invite à un pot vers 20h00 à l’hôtel de Lac. Nous acceptons. Cela pourra nous changer les idées. Je n’ai pas bu une béninoise de la journée !
eVe et moi sommes à ramasser à la petite cuillère.
Bienvenu nous encourage, Lucien aussi. Bienvenu nous promet de faire intervenir quelqu’un de la présidence.
eVe se redresse. Je suis un zombi.
Nous retournons au ministère des PME/PMI.
J’écris à Daniel
« Cher Daniel
Comme promis, puisque j'ai accès à internet je t'envoie mes bons souvenirs de Banikoara, ou plutôt de Cotonou où nous vivons de grands moments de galères en ce moment.
Je suis chez l'assistant du ministre des PME/PMI pour résoudre les problèmes de douane, ce qui est très loin d'être évident. Le container arrive en rade le 16 et, contrairement à ce que nous dit l'armateur, il ne faudra pas 2 jours pour le sortir mais une semaine si tout ce passe bien.
Arrivés à Banikoara, alors que tout devait être fait par les autorités locales, rien ne l'avait été.
Voilà, tu t'imagines un peu, mais, bon, on savait où on allait.
Au moment où je t'écris cette ligne, panne d'électricité subite mais habituelle, Cotonou est dans le noir absolu, seul l'écran de l'assistant du ministre me donne de la lumière.
Nous allons improviser à partir de demain, sans savoir si nous reviendrons en France en ayant pris possession et déchargé le container.
Il va falloir faire 28h00 de route pour récupérer nos bagages qui sont restés au nord........
Amitiés
Michel »
Les cigarettes continuent à brûler les semelles de mes chaussures.
Bienvenu, m’appelle et me tend le téléphone.
C’est Marcelin le transitaire.
« Monsieur Michel, je voudrais une précision. Vous dépotez au quai ou à Banikoara ? »
« Le matériel est trop fragile, je dépote à Banikoara. »
« Boon, dans ce cas, il faudra compte 500000 CFA de plus pour la consigne du container ! »
Je ne réponds rien, ou alors simplement un OK imperceptible.
Il nous faut 3000000 CFA pour sortir ce container dont on ne sait même pas s’il sera à quai le 18.
Je transmets à eVe, Lucien et Bienvenu. Je ne suis plus qu’une loque.
eVe sois forte et soutiens moi !
Plus personne n’ose me parler.
Je fume, je fume, cigarette sur cigarette.
« Tans pis. J’annule la mission dentaire, tu rentres en France, préviens mes potes Etienne et Philippe de répartir mes soins et je rentre lorsque le container est à destination. Je ne lâcherai rien. Banikoara attend celui-ci depuis trop longtemps. Nous ne pouvons le laisser à quai pour qu’il finisse de disparaître. »
« Pas question. Si nous n’y arrivons pas dans les délais je reste avec toi au moins une semaine. Je le peux. Attendons 20h00. Avec Monique nous trouverons peut-être une solution.»
Je perds l’équilibre, m’assoies, fume, fume, fume.
Lucien me parle des lions.
eVe me prends la main, me soutient de son regard que je sens fort.
Bienvenu téléphone.
Il faut un contact.
16h00
Nous arrivons au ministère des affaires étrangères. Moral en berne mais nous espérons. Quoi ? Un miracle, peut-être.
Au moment de prendre l’ascenseur, une française déguisée en autochtone, monte avec nous.
« Vous allez voir Monsieur Mensah ? » nous demande-t-elle.
« Oui, comment le savez vous ? »
« Tous les français qui prennent cet ascenseur, font parti d’une ONG et vont voir Monsieur Mensah »
« Vous le connaissez bien ? »
« Très bien. Je faisais parti d’une antenne de pharmacie sans frontière à Avignon… »
« Monique ? » répond eVe
« Oui. On se connait ? »
« C’est moi qui collectais les médicaments et les apportais à Avignon. »
« Oui, ça y est, je te remets »
Discussion, explication.
Monique connait très bien Monsieur Mensah. Elle vient pour l’inviter à une réception. Elle n’a pas besoin de rendez vous pour le rencontrer.
Son association dispose d’un accord de siège au Bénin, ils se voient souvent.
« Bon, je viens avec vous et l’on va régler cela ! »
Le miracle attendu est là !
Nous sommes aussitôt reçus par le directeur de la coopération décentralisée.
« Ha !!! Mes amis. Vous connaissez Monique ? Vous êtes en excellente compagnie. Voyons votre dossier. »
Monique.
« J’ai réfléchie, est-ce que ‘on pourrait faire passer ce container par mon association qui a un accord de siège et est exonéré de frais de douanes. »
« Pas des frais fixes qui sont dans tous les cas inévitables et assez importants. »
MR Mensah consulte les papiers.
« Mais le connaissement est au nom de l’hôpital et la demande d’exonération signée par le Mairie. Il faut que les deux correspondent au même nom. On ne peut rien faire. »
« Changer le non ? »
« Cela serait trop cher et trop long. Il faut téléphoner immédiatement au directeur de l’hôpital afin qu’il refasse le courrier et me l’envoie par internet. »
Sitôt dit, sitôt fait.
Le directeur de l’hôpital note l’adresse de Monsieur Mensah, se met au travail et nous promet le courrier dans une heure au plus tard.
Monsieur Mensah :
« Je pourrai transmettre ce courrier lundi, car dans une heure les bureaux seront fermés et vous aurez une réponse dans une semaine environ. »
« Dans une semaine ? Mais le bateau arrive le 15 en rade et nos partenaires le 18. »
« Oui, une semaine grâce à mon intervention. Et si votre bateau arrive en rade le 15, il ne sera pas à quai avant le 25, si tout ce passe bien ce dont je doute fort. Il y a eu des grèves récemment et je suis d’avis que votre container ne sera pas à quai avant 1 semaine, avec de la chance, mais comptez plutôt 15 jours à trois semaines. »
Nous restons encore quelques instants à discuter à essayer de trouver une solution. En vain.
Monique nous invite à un pot vers 20h00 à l’hôtel de Lac. Nous acceptons. Cela pourra nous changer les idées. Je n’ai pas bu une béninoise de la journée !
eVe et moi sommes à ramasser à la petite cuillère.
Bienvenu nous encourage, Lucien aussi. Bienvenu nous promet de faire intervenir quelqu’un de la présidence.
eVe se redresse. Je suis un zombi.
Nous retournons au ministère des PME/PMI.
J’écris à Daniel
« Cher Daniel
Comme promis, puisque j'ai accès à internet je t'envoie mes bons souvenirs de Banikoara, ou plutôt de Cotonou où nous vivons de grands moments de galères en ce moment.
Je suis chez l'assistant du ministre des PME/PMI pour résoudre les problèmes de douane, ce qui est très loin d'être évident. Le container arrive en rade le 16 et, contrairement à ce que nous dit l'armateur, il ne faudra pas 2 jours pour le sortir mais une semaine si tout ce passe bien.
Arrivés à Banikoara, alors que tout devait être fait par les autorités locales, rien ne l'avait été.
Voilà, tu t'imagines un peu, mais, bon, on savait où on allait.
Au moment où je t'écris cette ligne, panne d'électricité subite mais habituelle, Cotonou est dans le noir absolu, seul l'écran de l'assistant du ministre me donne de la lumière.
Nous allons improviser à partir de demain, sans savoir si nous reviendrons en France en ayant pris possession et déchargé le container.
Il va falloir faire 28h00 de route pour récupérer nos bagages qui sont restés au nord........
Amitiés
Michel »
Les cigarettes continuent à brûler les semelles de mes chaussures.
Bienvenu, m’appelle et me tend le téléphone.
C’est Marcelin le transitaire.
« Monsieur Michel, je voudrais une précision. Vous dépotez au quai ou à Banikoara ? »
« Le matériel est trop fragile, je dépote à Banikoara. »
« Boon, dans ce cas, il faudra compte 500000 CFA de plus pour la consigne du container ! »
Je ne réponds rien, ou alors simplement un OK imperceptible.
Il nous faut 3000000 CFA pour sortir ce container dont on ne sait même pas s’il sera à quai le 18.
Je transmets à eVe, Lucien et Bienvenu. Je ne suis plus qu’une loque.
eVe sois forte et soutiens moi !
Plus personne n’ose me parler.
Je fume, je fume, cigarette sur cigarette.
« Tans pis. J’annule la mission dentaire, tu rentres en France, préviens mes potes Etienne et Philippe de répartir mes soins et je rentre lorsque le container est à destination. Je ne lâcherai rien. Banikoara attend celui-ci depuis trop longtemps. Nous ne pouvons le laisser à quai pour qu’il finisse de disparaître. »
« Pas question. Si nous n’y arrivons pas dans les délais je reste avec toi au moins une semaine. Je le peux. Attendons 20h00. Avec Monique nous trouverons peut-être une solution.»
Je perds l’équilibre, m’assoies, fume, fume, fume.
Lucien me parle des lions.
eVe me prends la main, me soutient de son regard que je sens fort.
Bienvenu téléphone.
Il faut un contact.