il est possible qu'au début une nuance de culpabilité en compromette la jouissance. Car on est conscient de lâcher, dans un intérêt personnel, des personnes qui comptaient sur nos talents, notre expertise, notre temps, notre accueil... et aussi le concept de revenus différés, même s'ils sont modestes, n'est pas forcément accepté d'emblée.
le processus de changement en soi, comme l'abandon d'une vie pour en aborder une autre est un générateur de stress qu'il ne faut pas nier ni occulter. Cela passe par une possible altération de l'estime de soi et de sa propre image, un sentiment d'inutilité, voire de culpabilité, par le regard et les réflexions des autres qui soudain nous classent parmi les vieux.
heureusement au début on s'attelle à la réalisation de projets, de besoins, d'envies, jusque là muselés par manque de disponibilité - on a besoin de se resituer, de se redéfinir, j'oserai dire "se reconstruire" face à cette nouvelle vie que l'on entrevoyait à travers les séniors - certains qui n'y parviennent pas se retrouvent à refaire le monde au bar de chez Marcel, d'autres se projettent quasiment à temps plein dans des rôles qui les maintiennent en marge rapprochée de leurs anciennes fonctions (syndicat, conseil de l'ordre, prévention santé, participation à des formations...), soigneurs bénévoles (ou pas) dans des clubs sportifs, quelques-uns continuent à encombrer les forums professionnels

on s'arrête parce qu'on a l'âge, le nombre de trimestres, qu'on est sincèrement fatigué, usé, qu'on est excédé par la tournure que prennent les choses en exigeant des recadrages permanents et qu'on en "a plein le cul", ou que des jeunes loups pleins d'énergie et aux dents longues viennent piétiner nos plates-bandes. On part sans arrosage payé par l'employeur ou le CE, sans primes de fin de carrière, sans médaille du travail, sans rachat des stock-options. On s'en va sur la pointe des pieds (une quille à la main).
Bon vent à nos d'jeuns - bizettes titjosophiques
