Une fois, je suis intervenu humblement. J’ai ironisé la situation :
« Si ça continue, la rééducation va être traitée avec autant de considération que les suppositoires laxatifs… » - ceux qui ont entendu malgré les papotages entre voisins ont sourit avec condescendance - ils n’ont pas perçu la dimension prophétique ou ne se sentaient pas concernés - puis chacun rejoignit le parking où s’alignaient des véhicules clinquants et cossus.
Petit praticien généraliste rural et scrupuleux, je ne me sentais pas à l’aise dans cette cour que j’ai fini par quitter. Les ténors syndicaux adeptes des salons mondains m’apparaissaient d’avantage comme des estafettes du pouvoir technocratique que comme des militants convaincus d’une cause à défendre.
Désolé pour ceux d’entre eux qui me lisent et s’offusquent – ce n’est probablement pas la réalité, mais c’est ce que j’ai ressenti. Les circonstances m’ont parfois rapproché de ces tribuns qui trônent à présent dans les multiples instances de tous rangs qui prétendent endosser la destinée de la santé française et des praticiens.
Croyez-moi si vous voulez, mais certains se trouvent bien mieux dans les postes qu’ils ont dénichés qu’immergés dans la réalité quotidienne et vivrière de leur cabinet.
Quoiqu’il en soit j’avais raison : les référentiels-kiné nous rangent au niveau de la prise en charge des laxatifs. Quand toute la nomenclature aura été revisitée, et là je contemple mon cahier de RV, il restera quoi? 5, 10 traitements/semaine?
Il y a bien eu des idées de manif au printemps - l’improvisation et le manque de motivation, les motifs nébuleux n’ont pas échappé à leurs cibles – je n’ai jamais cru aux manifestations conquérantes à notre niveau démographique.
Alors perso, je ne vais pas me pendre sous une mandragore. Mais au contraire, avant de sombrer dans les abîmes de la déchéance programmée, je pars vers d’autres vies qui m’attendent et dont je veux jouir avant d’être un vrai vieux gaga. La carpimco doit se frotter les mains – entre ceux qui meurent très vite (existe-t-il des statistiques à ce sujet sur les paramédlib ?) et ceux qui perçoivent des pensions pénalisées pour oser les liquider avant 180 trimestres. Il doit rester des galories pour arroser les pôvres vieux cheminots/paysans/notaires/huissiers/dentistes et autres …
Mais j’aime bien l’ambiance du forum – ce sera peut-être mon dernier ancrage dans un univers que je vais quitter presque sans peine – alors merci à tous de supporter encore le plus longtemps possible mes élucubrations.
