Titjo storie - ça continue

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TITJO
         
         
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Titjo storie - ça continue

Message par TITJO »

Bonjour Vég'amis - je vous souhaite une bonne lecture


ALERTE A LA BASE

Cette histoire s’est passée il y a presque cinquante ans. La base militaire de Phalsbourg était alors peuplée de soldats américains avec leurs familles. Dans cette même bourgade, un pensionnat tenu par des Franciscains formatait des garçons pour qu’ils deviennent des puits de science, des citoyens modèles et surtout des paroissiens exemplaires et voire, pourquoi pas ? Des religieux accomplis. Si aujourd’hui le vénérable collège édifié en pure grès vosgien massif accueille toujours des potaches, les conditions ont heureusement radicalement changé.
Imaginez-vous, jeunes végaliens, emprisonnés dans une tôle tenue par des moines qui vous font partager leur discipline. Les appelés dans les casernes, c’était presque le club-méd à côté !
Réveillés dés 6h1/4 le matin, on sortait du dortoir où s’alignaient une bonne cinquantaine de lits austères. Il y faisait si froid en hiver, qu’une nuit un des radiateurs, gelé, a explosé ! Puis toilette matinale dans des cuvettes en émail d’environ 6 cm de profondeur disposées sur des planches peintes en blanc. Je précise ça, car pour gagner du temps, on allait les remplir la veille avant de se coucher en faisant la queue à l’unique robinet (d’eau froide) de l’étage. Et, toujours en hiver, il arrivait que la flotte soit gelée sur toute l’épaisseur à l’heure des ablutions. Il n’y avait plus qu’à balancer l’épais disque de glace par une fenêtre qui donnait sur rien et à refaire la queue au robinet d’eau froide. Il ne nous restait alors plus que quelques minutes pour s’habiller, tirer le lit et aller se mettre en rang en silence devant la descente d’escaliers. Car oui, bien entendu il était interdit de parler, et cela jusqu’à ce qu’il nous en soit octroyé la permission après le bénédicité qui précédait le petit déjeuné, bien plus tard.
En fait, le petit déjeuné ne nous attendait pas, fumant, en bas des escaliers. Non ! Il fallait d’abord passer par la chapelle pour assister à la messe du matin. Et le dimanche, le jeûne durait plus longtemps vu qu’on avait droit à la maxi messe chantée avec homélie encens et tout et tout. Ces jours-là on retournait à la chapelle pour passer la fin de l’après midi en « Complies et Salut » ; et même des fois les vêpres. Comme il n’y avait pas de télé, du moins pour les pensionnaires, ça faisait passer le temps.
Le bahut entrainait des équipes de sportifs dans différentes disciplines qui étaient mises en lisse avec les équipes d’autres établissements scolaires. Pour soigner l’image de la boite, il fallait gagner. Donc seule l’élite, le gratin, les balaises étaient intégrés. Les rachots, les avortons, les poussifs, les obèses, les indifférents assuraient juste le rôle de figurants derrière les lignes de touche quand un match était disputé sur place. Car si les robinets étaient rares, le collège possédait et entretenait ses propres terrains de foot, de volley, de hand, de basket, d’athlétisme. Le bon côté, c’est que les joueurs et les supportèrent commis d’office avaient le droit de parler et même de crier (mais pas de jurer) pendant les rencontres. Je n’ai jamais été recruté pour quelque équipe que ce soit.
Du coup les journées de congé, en dehors des offices religieux, paraissaient plus longues que celles de cours. Et quand on était en pension à plein temps, ça faisait beaucoup de journées de congés. Car à l’époque on ne rentrait chez les parents qu’aux vacances de trimestre et mi-trimestre. Mais même à ces occasions ce n’était pas toujours la fête : les bulletins arrivaient avant nous à la maison. Alors Salut l’accueil !...
Pourtant, je ne sais toujours pas pourquoi. Peut-être les prémices d’un vent de remise en cause, il fut ouvert un atelier de photos. Puis, et c’est enfin là que j’entre en scène, un atelier d’aéromodélisme. D’un seul coup, quelques adeptes refusés dans les équipes de sport bénéficièrent d’un local, de tout l’équipement qu’il suffisait de commander, on avait le droit de parler de chanter, de siffler. C’était chouette. Et même un peu plus tard nous obtînmes des autorisations de sortie pour faire voler nos réalisations.
Je m’en rappelle encore, j’avais commencé par monter un « ZENITH », petit planeur à vol libre (sans commande) assez basique mais performant. L’imprimerie de l’établissement se débarrassait périodiquement de ses caractères en plomb usagers et nous les fournissait pour lester les fuselages.
Alors un jour par beau temps, avec vent faible, nous décidâmes de larguer nos œuvres vers le ciel. Le patron souhaitait que ça se passe en présence des autres élèves et nous nous sommes donc installés sur le terrain de foot. Pour une fois nous étions les vedettes. Les essais de vol furent tout à fait satisfaisants, les avions tenaient plusieurs minutes avant d’atterrir à proximité. Puis à mon tour je fis prendre l’air à mon ZEPHYR dont l’envergure ne dépassait pas le mètre. Il se mit à planer tranquillement en décrivant des grands cercles au-dessus du terrain de foot. Mais un léger hâle soufflant de l’Est le maintint en l’air et le fit dériver lentement vers la ville. Je n’avais plus aucun contrôle. Il ne perdait pas d’altitude. Tous les spectateurs le regardaient s’éloigner, de plus en plus petit, en direction de la base américaine. Puis il fallut rentrer pour assister à des cours.
Au dîner, notre préfet de division nous raconta que l’état major US avait mis la base en alerte en repérant un objet volant non identifié. Un coup de fil avait été passé à notre bahut pour savoir si on l’avait aussi vu passé. Notre protal les a rassurés en expliquant qu’un des produits de l’atelier d’aéromodélisme n’avait pas atterri et qu’il était parti vers l’Ouest.
Secrètement, j’espérais qu’il irait très loin, porteur de mes rêves de liberté.


A bientôt - végabisouilles
BIZETTES LORRAINES DE LORD TITJO
Boum

Re: Titjo storie - ça continue

Message par Boum »

Merci titjo :wink: elles sont où les gossip nurses ? :roll:
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ptit chat
         
         
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Re: Titjo storie - ça continue

Message par ptit chat »

tres agreable a lire .faut continuer car cela nous divertit .c'est extra ! :D
allez ! un ptit zeste de bonne humeur pour faire plaisir et sourire !
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Annie
       
       
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Re: Titjo storie - ça continue

Message par Annie »

Seulement cinquante ans!! On croirait que tu as fait partie de la bande des Chiche-Capons!
Ben dis-donc, c'était bien plus cool chez mes bonnes soeurs!

Mille mercis pour nous avoir fait partager tes souvenirs, vénérable aïeul! :wink:
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apie
         
         
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Re: Titjo storie - ça continue

Message par apie »

trop drôle (enfin la fin, pas les conditions de vie scolaire de l'époque !)

merci merci
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