Alors, les papys et les mamies, on remet son dentier et on chante avec Charles Aznavour, sur un air que vous reconnaîtrez sans peine:
Je vous parle d’un temps
Que les moins d’quarante ans
Ne peuvent pas connaître,
L’Boul Mich’ en ce mois d’Mai
Balançait ses pavés
Sur toutes les barricades
Et dans le tout Paris
On cherchait des abris
Pour parer les grenades,
C’est là qu’on s’est connus
En criant au début
« Le combat continue ! »
Mai 68, Mai 68
Ca voulait dire on est furieux,
Mai 68, Mai 68
Avec des larmes plein les yeux.
Dans les villages voisins
Nous étions quelques uns
Qui espérions la gloire,
Nous n’étions pas très vieux,
Et même un peu peureux
Mais nous voulions y croire ;
Et quand l’un d’nos parents
Nous disait qu’à seize ans
Nous n’avions pas trop l’âge,
Nous écoutions Inter,
Groupés autour du poste
Pour oublier Nanterre.
Mai 68, Mai 68,
Ca voulait dire, un certain Dany,
Mai 68, Mai 68,
Et ils avaient tous du génie !
Souvent il m’arrivait
Devant une p’tite télé
De passer mes dimanches
Regardant Jacques Martin,
Ou faisant des dessins
Sur une page blanche
Et le lundi matin
J’racontais aux copains
Les gaz lacrymogènes
Mes virées à Paris,
Les courses sur les quais d’Seine
De Jussieu aux Tuileries.
Mai 68, Mai 68,
Ca voulait dire on a seize ans,
Mai 68, Mai 68
Et on se mentait si souvent !
Quand au hasard des jours
Je m’en vais faire un tour
Du côté des Saints Pères
Je ne reconnais plus
Ni les murs ni les rues
Où nous faisions les fiers,
Dans Saint Germain des Prés
Je cherche les pavés
Dont plus rien ne subsiste,
Dans son nouveau décor
L’Odéon semble triste
Mai 68 est mort.
Mai 68, Mai 68,
On était jeunes, on était fous,
Mai 68, Mai 68,
Ca ne veut plus rien dire du tout.